Posté le août 24, 2021 à 20:40

DES HACKERS ONT DIFFUSÉ DES VIDÉOS PROVENANT DE CAMÉRAS DE SURVEILLANCE DE LA PRISON D’EVIN

Un groupe de hackers a publié ce qu’il prétend être des images de surveillance d’une prison iranienne où sont détenus certains prisonniers politiques.

Le chef du système pénitentiaire iranien, Mohammad Mehdi Hajmohammadi, a également admis que les vidéos partagées en ligne proviennent de la prison d’Evin en Iran. Il a déclaré qu’il assumait le blâme et la responsabilité de l’incident.

Le commentaire de Mohammad Hajmohammadi est intervenu 24 heures à peine après la publication par l’Associated Press de certaines des vidéos, qui font état d’abus subis par certains détenus.

Des cas de traitements inhumains subis par certains prisonniers politiques dans l’établissement du nord de Téhéran ont été signalés.

Violation des droits humains des prisonniers politiques

Mohammad a promis, dans un commentaire sur Twitter, de traduire les auteurs en justice et d’empêcher qu’une telle situation ne se reproduise.

Le groupe iranien d’hacktivistes, connu sous le nom de Tapandegan (Palpitations), a initialement publié les vidéos, affirmant qu’elles avaient été acquises auprès de hackers connus sous le nom de Edalat-e Ali (Justice d’Ali). Selon le groupe d’hacktivistes, les vidéos sont diffusées pour attirer l’attention sur les niveaux extrêmes de violation des droits de l’homme des prisonniers politiques dans le pays.

Tapandegan a déclaré que les images et les vidéos sont la preuve qu’il y a un haut niveau d’injustice contre les prisonniers politiques qui ne sont pas en faveur des politiques du gouvernement.

Le groupe a également déclaré qu’il avait d’autres vidéos à diffuser, notamment celles de la salle de contrôle de la prison, des cellules et des salles. Ils ont également admis être en possession de documents confidentiels de la prison et de dossiers de prisonniers politiques.

Dans l’une des vidéos virales, un prisonnier d’âge moyen est traîné à l’étage après être tombé au sol et s’être évanoui. Pendant qu’il était traîné, des employés de la prison passaient devant lui sans sourciller.

Des prisonniers dans un état déplorable

Dans une autre vidéo, on voit des détenus dormir dans des chambres individuelles avec des lits superposés empilés très près les uns des autres et haut contre les murs. Les prisonniers se couvraient de couvertures pour essayer de rester au chaud.

Des militants iraniens des droits de l’homme basés à l’étranger ainsi que quatre anciens détenus de ces établissements ont également admis que les vidéos provenaient de l’établissement situé dans le nord de Téhéran.

En outre, certaines scènes de la vidéo étaient identiques à des scènes capturées par des photographies du centre prises précédemment par des journalistes.

La prison d’Evin est connue pour avoir fait l’objet de plusieurs rapports sur les mauvais traitements infligés aux prisonniers, dont certains étaient là parce qu’ils s’opposaient à la politique du gouvernement Iranien.

Mais il s’agit de la première preuve réelle soutenant les diverses allégations, et il reste à voir comment la situation sera gérée.

Cependant, après s’être excusé et avoir juré que les auteurs de ces actes seraient traduits en justice, Mohammad n’a fait aucun commentaire sur la situation à la prison. Il n’a pas abordé la question des abus commis à Evin que les vidéos ont révélés.

La prison a été construite en 1971 sous le régime du Shah d’Iran. Elle est devenue l’une des prisons les plus célèbres du monde. Elle a été utilisée à plusieurs reprises pour une série d’abus sur des prisonniers et d’autres personnes perçues comme des ennemis de l’État qui s’opposent au gouvernement.

Certains des détenus d’Evin y sont depuis 2009, après la réélection du président Mahmoud Ahmadinejad.

Après l’apparition de rapports faisant état d’abus dans l’établissement, les législateurs ont exigé des réformes de la prison, qui ont abouti à l’installation de caméras à circuit fermé.

Une protestation contre le leader suprême iranien

Tapandegan a déclaré que les hackers ont attaqué un moyen de protester contre la nomination d’Ebrahim Raisi à la présidence par le Guide suprême Ali Khamenei. Le groupe a réaffirmé qu’il allait mener d’autres actions pour poursuivre la protestation contre le gouvernement.

Il a également déclaré que d’autres révélations seront faites pour faire savoir au monde entier comment Raisj et le régime maltraitent les gens dans le pays.

Hojjat Fadaei, expert en sécurité Internet, a déclaré que, d’après les images et les vidéos publiées, il ne fait aucun doute que les hackers ont accédé à des données d’une portée « très large ».

Les hackers d’Edalat-e Ali, qui sont fondamentalement du côté de l’islam chiite, n’ont été impliqués dans aucun incident de piratage par le passé. Mais Tapandegan a toujours fait l’actualité pour ses exploits, notamment contre plusieurs agences gouvernementales iraniennes.

Le groupe s’est fait connaître après avoir piraté les serveurs de l’aéroport international de Mashhad, affichant des images et des messages antigouvernementaux sur les écrans d’information à l’arrivée.